SERVICE DES EXAMENS DE LANGUE FRANCAISE RÉSERVES AUX ÉTUDIANTS ÉTRANGERS CENTRE DE PARIS - SESSION MAI 2012 D I P L Ô M E S U P ÉR I E U R D ÉT U D E S F R A N Ç A I S E S 3 e degré - Paris-Sorbonne C3 Résumé Note sur 10 - Durée : 2h30 Vous résumerez ce texte en 150 mots (tolérance ± 10%). Vous indiquerez le nombre de mots employés. LA SCIENCE EST-ELLE DANGEREUSE? Contrairement à ce qu on croit souvent, l important dans la science, c est autant l esprit que le produit, c est autant l ouverture, la primauté de la critique, la soumission à l imprévu, si contrariant soit-il, que le résultat, si nouveau soit-il. Il y a belle lurette que les scientifiques on renoncé à l idée d une vérité ultime et intangible, image exacte d une «réalité» qui attendrait au coin de la rue d être dévoilée. Ils savent maintenant devoir se contenter du partiel et du provisoire. Une telle démarche procède souvent à l encontre de la pente naturelle à l esprit humain, qui réclame unité et cohérence dans sa représentation du monde sous ses aspects les plus divers. De fait, ce conflit entre l universel et le local, entre l éternel et le provisoire, on le voit périodiquement réapparaître dans une série de polémiques opposant ceux qui refusent une vision totale et imposée du monde à ceux qui ne peuvent s en passer. Que la vie et l homme soient devenus objets de recherches et non plus de révélations, peu l acceptent. Depuis quelques années, on fait beaucoup de reproches aux scientifiques. On les accuse d être sans cœur et sans conscience, de ne pas s intéresser au reste de l humanité ; et même d être des individus dangereux qui n hésitent pas à découvrir des moyens de destruction et de coercition terribles et à s en servir. C est leur faire beaucoup d honneur. La proportion d imbéciles et de malfaisants est une constante qu on retrouve dans tous les échantillons d une population, chez les scientifiques comme chez les agents d assurance, chez les écrivains comme chez les paysans, chez les prêtres comme chez les hommes politiques. Et malgré le docteur Frankenstein et le docteur Folamour, les catastrophes de l histoire son le fait moins des scientifiques que des prêtres et des hommes politiques..../...
Car ce n est pas seulement l intérêt qui fait s entre-tuer les hommes. C est aussi le dogmatisme. Rien n est aussi dangereux que la certitude d avoir raison. Rien ne cause autant de destruction que l obsession d une vérité considérée comme absolue. Tous les crimes de l histoire sont des conséquences de quelque fanatisme. Tous le massacres ont été accomplis par vertu, au nom de la religion vraie, du nationalisme légitime, de la politique idoine, de l idéologie juste ; bref, au nom du combat contre la vérité de l autre, du combat contre Satan. Cette froideur et cette objectivité qu on reproche si souvent aux scientifiques, peut-être conviennent-elles mieux que la fièvre et la subjectivité pour traiter certaines affaires humaines. Car ce ne sont pas les idées de la science qui engendrent les passions. Ce sont les passions qui utilisent la science pour soutenir leur cause. La science ne conduit pas au racisme et à la haine. C est la haine qui en appelle à la science pour justifier son racisme. On peut reprocher à certains scientifiques la fougue qu ils apportent parfois à défendre leurs idées. Mais aucun génocide n a encore été perpétré pour faire triompher une théorie scientifique. A la fin de ce vingtième siècle, il devrait être clair pour chacun qu aucun système n expliquera le monde dans tous ses aspects et tous ses détails. Avoir contribué à casser l idée d une vérité intangible et éternelle n est peut-être pas l un des moindres titres de gloire de la démarche scientifique. FRANÇOIS JACOB, Le Jeu des possibles (1981), extrait de l avant-propos. Nombre de mots : 536 Université Paris-Sorbonne SELFEE C3 - mai 2012
CENTRE DE PARIS - SESSION MAI 2012 3 ème Degré - Paris-Sorbonne C3 COMMENTAIRE COMPOSÉ Note sur 20 durée : 4h00 Vous proposerez un commentaire composé de ce poème. L Automne Salut, bois couronnés d un reste de verdure! Feuillages jaunissants sur les gazons épars! Salut, derniers beaux jours! Le deuil de la nature Convient à la douleur et plaît à mes regards. Je suis d un pas rêveur le sentier solitaire ; J aime à revoir encor, pour la dernière fois, Ce soleil pâlissant, dont la faible lumière Perce à peine à mes pieds l obscurité des bois. Oui, dans ces jours d automne où la nature expire, A ses regards voilés je trouve plus d attraits ; C est l adieu d un ami, c est le dernier sourire Des lèvres que la mort va fermer pour jamais. Ainsi, prêt à quitter d horizon de la vie, Pleurant de mes longs jours l espoir évanoui, Je me retourne encore, et d un regard d envie Je contemple ses biens dont je n ai pas joui. Terre, soleil, vallons, belle et douce nature, Je vous dois une larme aux bords de mon tombeau! L air est si parfumé! La lumière est si pure! Aux regards d un mourant le soleil est si beau! Je voudrais maintenant vider jusqu à la lie Ce calice mêlé de nectar et de fiel! Au fond de cette coupe où je buvais la vie, Peut-être restait-il une goutte de miel? Peut-être l avenir me gardait-il encore Un retour de bonheur, dont l espoir est perdu? Peut-être, dans la foule, une âme que j ignore Aurait compris mon âme, et m aurait répondu!... La fleur tombe en livrant ses parfums au zéphire ; A la vie, au soleil, ce sont là ses adieux ; Moi, je meurs ; et mon âme, au moment qu elle expire ; S exhale comme un son triste et mélodieux. Alphonse de Lamartine, Les Méditations poétiques, 1820. Université Paris-Sorbonne Selfee Mai / juin 2012
CENTRE DE PARIS - SESSION MAI 2012 3 e degré Paris-Sorbonne C3 VERSION Note sur 10 Du port obscur montèrent les premières fusées des réjouissances officielles. La ville les salua par une longue et sourde exclamation. Cottard, Tarrou, ceux et celle que Rieux avait aimés et perdus, tous, morts ou coupables, étaient oubliés. Le vieux avait raison, les hommes étaient toujours les mêmes. Mais c était leur force et leur innocence et c est ici que, par-dessus toute douleur, Rieux sentait qu il les rejoignait. Au milieu des cris qui redoublaient de force et de durée, qui se répercutaient longuement jusqu au pied de la terrasse, à mesure que les gerbes multicolores s élevaient plus nombreuses dans le ciel, le docteur Rieux décida alors de rédiger le récit qui s achève ici, pour ne pas être de ceux qui se taisent, pour témoigner en faveur de ces pestiférées, pour laisser du moins un souvenir de l injustice et de la violence qui leur avait été faites, et pour dire simplement ce qu on apprend au milieu des fléaux, qu il y a dans les hommes plus de choses à admirer que de choses à mépriser. Mais il savait cependant que cette chronique ne pouvait pas être celle de la victoire définitive. Elle ne pouvait être que le témoignage de ce qu il avait fallu accomplir et que, sans doute, devraient accomplir encore, contre la terreur et son arme inlassable, malgré leurs déchirements personnels, tous les hommes qui, ne pouvant être des saints et refusant d admettre les fléaux, s efforcent cependant d être des médecins. Albert CAMUS, La Peste, 1947. Les candidats sont priés de préciser sur leur copie la langue qu ils ont choisie pour la traduction. Ils doivent donner seulement une traduction d un mot, d une expression ou d une phrase (ne pas proposer deux ou plusieurs traductions). Université Paris-Sorbonne SELFEE mai / juin 2012
CENTRE DE PARIS - SESSION MAI 2012 3e degré - Paris-Sorbonne C3 THÈME - ARABE NOTE SUR 10 وجد أدهم في أميمة سعادة لم يعرفها من قبل. و لبساطته أعلن عن سعادته با قواله و أحواله حتى تندر به إخوته. و عند ختام آل صلاة آان يبسط يديه هاتف ا : " الحمد لصاحب المنن على رضى أبي الحمد له على حب زوجي الحمد له على المنزلة التي أحظى بها دون من هم أجدر مني بها الحمد له على الحديقة الغناء و الناي الرقيق الحمد له ". و قالت آل امرأة من نساء البيت الكبير إن أميمة زوجة واعية فهي ترعى زوجها آا نه ابنها و توادد حماتها حتى أسرتها و تولي مسكنها العناية التامة و آا نها قطعة من جسدها. أما أدهم فكان زوج ا مترع القلب بالمحبة و حسن المعاشرة. و آما شغلته إدارة الوقف عن جزء من ملاهيه البريي ة في الحديقة من قبل فقد شغل الحب بقية يومه و استبد به حتى نسي نفسه. و توالت أيام هاني ة و امتدت فوق ما قدر رضوان و عباس و جليل الساخرون و لكنها ارتطمت في النهاية بذلك الهدوء الحكيم آما تنتهي مياه الشلال المتدفقة الراغية المزبدة في النهر الرصين. و عاد التساؤل يحتل مكانه في قلب أدهم فشعر با ن الزمن لا يمر في غمضة عين و أن النهار يعقبه الليل و إن المناجاة إذا تواصلت إلى غير نهاية فقدت آل معنى و أن الحديقة ملهاة صادقة لا يجدر به أن يهجرها و أن شيي ا من هذا لا يعني بحال أن قلبه تحول عن أميمة فما تزال في صميمه و لكن للحياة أطوار ا لا يخبرها المرء إلا يوم ا بيوم. و عاد إلى مجلسه عند القناة و أجال بصره في الا زهار و العصافير ممتن ا و معتذر ا. و إذا با ميمة تلحق به مشرقة بالبهجة فجلست إلى جانبه و هي تقول : - نظرت من النافذة لا رى ما أخرك لماذا لم تدعني معك فقال باسم ا : - خفت أن أتعبك.. نجيب محفوظ من أولاد حارتنا Les candidats sont priés de préciser sur leur copie la langue qu ils ont choisie pour la traduction. Ils doivent donner seulement une traduction d un mot, d une expression ou d une phrase (ne pas proposer deux ou plusieurs traductions). Université Paris-Sorbonne SELFEE mai / juin 2012
CENTRE DE GRÈCE - SESSION MAI 2012 3 e degré Paris-Sorbonne C3 VERSION - GREC Note sur 10 Et maintenant qu elle était une vieille femme seule, il ne lui restait plus que la richesse des souvenirs. Il y avait, dans ces chambres d hôtel, tantôt somptueuses, tantôt sordides, quelque chose d à la fois magnifique et pathétique, comme le reflet exagéré de la vie. L aventure que rien n arrêtait, la brûlure de l amour qui n est plus, l effacement des visages, un retrait continuel du monde, une exquise amertume. Ce qu elle aimait par-dessus tout, c était la plongée, au bas des escaliers, dans les tumultes des villes. Elles étaient toutes différentes et pourtant semblables (le bruit des voitures à cheval à Merida, la foule à Constantinople, le grondement de Tokyo). [ ] Allongée sur le lit à deux places, elle rêvassait en regardant le plafond où la fumée de ses cigarettes dessinait des lettres illisibles. Souvenir d un autre monde, qu elle avait traversé sans le voir, les yeux éblouis de miroirs. Ici pour la première fois, elle ressentait le danger caché dans la banalité du décor, ces rideaux de nylon [ ], ces appliques, ces illustrations représentant des moulins à vent, des rivières, des navires. Maintenant que tout avait fui, [ ] il ne restait que le frisson délicieux du danger, ces coups légers frappés à la porte comme un signal amoureux d un rendez-vous au crépuscule. Extrait de l «Hôtel de la solitude», du recueil Cœur brûlé et autres romances (2000) de J.M.G. Le Clézio. Les candidats sont priés de préciser sur leur copie la langue qu ils ont choisie pour la traduction. Ils doivent donner seulement une traduction d un mot, d une expression ou d une phrase (ne pas proposer deux ou plusieurs traductions). Université Paris-Sorbonne SELFEE mai 2012
CENTRE DE GRÈCE - SESSION MAI 2012 3e degré - Paris-Sorbonne C3 THÈME - GREC NOTE SUR 10 Το πρώτο του διήγηµα το αντέγραψε. Σε σχετικά νεαρή ηλικία, γύρω στα δεκάξι. Το βρήκε δηµοσιευµένο σε κάποιο δεκαπενθήµερο περιοδικό ένα καλοκαίρι διακοπών και το οικειοποιήθηκε χωρίς αναστολές. Ήταν η «Νατάσσα» του Γκόρκι. Η πλοκή και το ύφος τον συνεπήραν µε την πρώτη το παράξενο όµως είναι ότι, αντί να ταυτιστεί όπως θα ήταν επόµενο για την ηλικία του µε κάποιον ήρωα, ταυτίστηκε µε τον συγγραφέα. Σε τέτοιο σηµείο µάλιστα, ώστε αισθάνθηκε την ανάγκη να ξαναγράψει την ιστορία λέξη πρός λέξη σαν δική του. εν παρέλειψε ούτε ένα κόµµα, η µόνη αλλαγή ήταν στά χαρακτηριστικά των προσώπων και στο φυσικό περιβάλλον. Η δική του Νατάσσα, για παράδειγµα, είχε τη µορφή της Μαρίας µε την οποία ήταν ερωτευµένος. Η Νατάσα του περιοδικού ήταν ξανθιά Ρωσίδα, η δική του µελαχρινή Ελληνίδα τη βάρκα (υπήρχε µια βάρκα στην ιστορία), την έβαλε να είναι δεµένη στή Σαλαµίνα, η θάλασσα ήταν του Φλοίσβου, η παραλία της Κινέττας. Από τό µυθιστόρηµα τοῦ ηµήτρη Αληθεινού, Αν δεις το χρόνο, πές του ότι πέρασα (2008). Les candidats sont priés de préciser sur leur copie la langue qu ils ont choisie pour la traduction. Ils doivent donner seulement une traduction d un mot, d une expression ou d une phrase (ne pas proposer deux ou plusieurs traductions). Université Paris-Sorbonne SELFEE mai 2012
CENTRE DE GRÈCE - SESSION 24 MAI 2012 3 e degré Paris-Sorbonne C3 Corrigé de la version et du Thème grec (Note sur 10) Και τώρα που ήταν µια γριά γυναίκα µόνη, δεν της έµενε πια παρά ο πλούτος των αναµνήσεων. Υπήρχε σ αυτά τα, πότε πολυτελέστατα και πότε άθλια, δωµάτια των ξενοδοχείων κάτι το θαυµάσιο και µαζί αξιοθρήνητο, όπως το µεγεθυµένο είδωλο της ζωής. H περιπέτεια που τίποτε δεν την σταµατούσε, η πληγή του έρωτα που πια δεν υπάρχει, τα πρόσωπα που σβήνουν, µια συνεχής αποµάκρυνση από τον κόσµο, µια υπέροχη πικρία. Αυτό που της άρεσε πάνω απ όλα ήταν, έχοντας κατέβει τις σκάλες, να βυθίζεται στο βουητό των πόλεων. Ήταν όλες διαφορετικές κι όµως όµοιες (ο θόρυβος των ιπποκίνητων αµαξιών στη Μερίντα, το πλήθος στην Κωνσταντινούπολη, ο σαµατάς του Τόκυο. [ ] Ξαπλωµένη στο διπλό κρεβάτι, ονειροπολούσε κοιτάζοντας το ταβάνι, όπου ο καπνός των τσιγάρων της σχεδίαζε ακαθόριστα γράµµατα. Ανάµνηση ενός άλλου κόσµου όπου είχε περάσει χωρίς να τον δει, µε τα µάτια θαµπωµένα από καθρέφτες. Εδώ για πρώτη φορά ένιωθε τον κίνδυνο κρυµµένο µέσα στην κοινοτοπία της διακόσµησης, σ αυτές τις νάυλον κουρτίνες [ ] σ αυτές τις απλίκες, σ αυτές τις εικόνες µε τις παραστάσεις των ανεµόµυλων, των ποταµών των πλοίων. Τώρα που όλα είχαν φύγει, [ ] δεν έµενε παρά το υπέροχο ρίγος του κινδύνου, αυτά τα απαλά χτυπήµατα στήν πόρτα σαν ένα ερωτικό σύνθηµα ενός ραντεβού το δειλινό. Από το «Ξενοδοχείο της µοναξιάς», στη συλλογή Φλεγόµενη καρδιά κι άλλες αισθηµατικές ιστορίες (2000) του J.M.G. Le Clézio. Sa première nouvelle, il la recopia. A un âge relativement jeune, quand il avait environ seize ans. Il la trouva publiée dans quelque périodique bimensuel, un été de vacances, et il se l appropria sans hésitation. C était Natacha de Gorki. L intrigue et le ton le ravirent immédiatement ; fait étrange pourtant, au lieu de s identifier comme on pourrait l'attendre pour quelqu un de son âge à un personnage, il s identifia à l auteur. A tel point même qu il ressentit le besoin de réécrire l histoire mot pour mot comme sienne. Il n a pas même omis une seule virgule, les seules modifications concernaient les caractéristiques des personnages et les lieux. Sa Natacha à lui par exemple avait la figure de Maria dont il était amoureux. La Natacha du journal était une Russe blonde, la sienne une Grecque brune ; la barque (il y avait une barque dans l histoire), il l avait fait être amarrée à Salamine, la mer était celle de Flisvos, la plage celle de Kinetta. D après le roman de Dimitris Alithinos, Si tu vois le temps, dis-lui que je suis passé (2008) Page 2 sur 8